Dans les rues de Kinshasa, c’est un peuple courageux ainsi que des agents de l’ordre disciplinés qui ont su se garder de tenir la bride haute aux opposants lors de leur marche. Curieusement, les marcheurs et autres opportunistes ont enregistré un véritable camouflet à l’issue de leur manifestation. Une leçon politique qui, inéluctablement, a lourdement pesé en défaveur de l’opposition congolaise dans le rapport de forces.
La manifestation a été lancée par trois plates-formes de l’opposition à toute l’échelle du pays. Elle visait à se faire entendre pour protester contre la décision de la cour constitutionnelle qui a annoncé, au début du mois, que le président Joseph Kabila pourrait rester au pouvoir au-delà de la fin de son second mandat, en décembre, si l’élection présidentielle n’est pas organisée dans le temps.
Cette part de manifestations de jeudi a rencontré un succès mitigé. Dans des nombreuses villes de la RDC, la manifestation était interdite. A Kinshasa, où elle a pu se tenir, il y avait, certes, plusieurs milliers de personnes. Mais, certainement pas 200.000 personnes clamées par l’opposition. Le gouvernement parle d’un échec total quant à cette mobilisation de l’opposition.
Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de la RDC :
« Nous avons constaté que la population de Kinshasa n’a pas répondu massivement à cet appel de l’ensemble de l’opposition et que nous avons laissé faire et que de bonne grâce, la majorité présidentielle n’a pas voulu contrarier. Qu’avons-nous constaté ? Moins de 3000 personnes dans la rue sur une ville de 10 à 12 millions d’habitants, c’est un échec. Clairement ».
RFI : Comment expliquer qu’il y ait eu affrontements entre la police et les manifestants et que les policiers se sont mis à lancer les gaz lacrymogènes et même à tirer.
Lambert Mende : Simplement parce qu’il y a eu, dans la manifestation, des gens qui étaient décidés à provoquer des incidents pour compenser le déficit de mobilisation. Monssiers Kamerhe et Fayulu notamment ont décidé de ne pas respecter l’itinéraire convenu d’avance avec les autorités municipales et ils ont décidé d’en découdre. Il y avait une compagnie de police qui protégeait le centre des affaires qui les a mis en déroute. Ce qui contredit clairement leur fameux chiffre de 200.000. Une compagnie ne peut pas mettre en débandade 200.000 manifestants. Ils n’étaient même pas 500 face à cette compagnie de police.
RFI